Il n’y a plus de mythologie à convoquer, de fantômes du passé à rappeler, de flammes à raviver. Il ne reste plus qu’un seul duel : celui entre la musique tiède et celle instinctive, pure qui vient de l’âme et soigne les chaos personnels.
Émotionnelle, fière, maline, l’écriture de David Shaw a pris une nouvelle tournure avec la publication en 2020 de l’album Love Songs With a Kick Vol.1, collection de morceaux racés entre synth-pop jusque-boutiste, post-punk pour chats de gouttières et crooning apocalyptique.
Loin de se reposer sur ses lauriers, le musicien a laissé couler l’inspiration dans le prolongement de cette nouvelle pierre créative. Ces trois dernières années, il a composé et enregistré une quarantaine de morceaux, dont seize sont répartis aujourd’hui en deux disques: Love Songs With a Kick Vol. 2 & 3. Ces projets sont nés d’un sentiment d’urgence, d’envie de contrer le temps qui passe pour hisser encore un peu plus haut une double ambition: de songwriting et de production. On y retrouve ce qui a brillé dans ses œuvres précédentes : l’équilibre guitares et machines, la fougue punk, les gimmicks accrocheurs. Il semble déployer plus librement encore son envie de pervertir la pop song, de l’emmener sur des chemins détournés, l’abordant de manière libérée et presque ludique.
Love Songs With a Kick Vol.3 s’offre un territoire nouveau dans la musique de David Shaw. Caractérisés par plus d’espace, les morceaux qui le composent jouent une carte plus narrative, évolutive, voire parfois à la frange de la cinématographie. L’écriture s’appuie sur des climats suspendus et des ambiances d’hallucinations narcotiques. Punk, kraut, new wave, pop cosmique s’y catapultent, dans une machine à rêves hypnotique. C’est le Lou Reed de Transformer envoyé dans Blade Runner, Bowie cadenassé dans un club indus aux prises avec un vaudou misanthrope. La lumière blanche, aveuglante, s’impose régulièrement dans les interstices de ces pistes vénéneuses et hédonistes.